On avait quitté le Polonais Mariusz Wilk, la nature à sa porte, en train de chauffer la Maison au bord de l'Oniégo. Auparavant, il avait crapahuté dans les îles Solovki pour le Journal d'un loup (1999). Le voici, toujours dans le Nord et parlant russe, mais cette fois dans la péninsule de Kola, à la rencontre des Saamis, autrement appelés Lopars ou Lapons.
Il était une fois des chasseurs de rennes, sans doute d'origine européenne, dont les territoires allaient des Pyrénées à l'Oural. «Avec le réchauffement climatique, à la fin du magdalénien, le glacier commença à reculer vers le Nord, les rennes suivirent le glacier, et les chasseurs, les rennes.» On dit qu'ils ont été les premiers skieurs du monde. Que la viande de renne les a protégés du scorbut. Et, sept mille ans avant nous, ils ont écrit des choses incompréhensibles sur les rochers.
Chope. Dans les pas du renne commence par l'intuition illuminée et concrète d'un contact avec les gens du néolithique. Un burin de quartz dans la main, Wilk se glisse dans une peau de Lapon avec la même aisance qu'il met à discuter avec ses contemporains ou à résumer des études savantes. En pleine nuit polaire, il s'installe à Lovoziéro. Ce n'est qu'un affreux bled postsoviétique, mais c'est là que revit l'artisanat saami, en même temps que meurt le nomadisme souverain des arpenteurs de la toundra. On comprend sans peine l'émotion qui accompagne le retour des oiseaux et l'appar