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Libération
Critique

Updike dans la peau

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Mélange. Un hommage de Nicholson Baker à l’auteur de «Rabbit».
publié le 18 juin 2009 à 6h53
(mis à jour le 18 juin 2009 à 6h53)

Quiconque est intéressé par la vie d’un écrivain plutôt que par sa biographie lira avec plaisir Updike et moi. Il découvrira quels liens, d’admiration et de jalousie, de gratitude et de complexes, peuvent unir un auteur aux aînés (vivants ou pas) qui l’ont justifié. Parce que c’était eux, parce que c’était moi.

A l'été 1989, Nicholson Baker apprend la mort de l'écrivain Donald Barthelme (1). Il a suivi ses cours à Berkeley, l'admire, se sent incapable d'écrire le moindre texte sur lui. Un écrivain mort peut en cacher un autre, qui ne l'est pas forcément : réfléchissant sur cet exercice à perspective faussée qu'est l'hommage nécrologique, il se souvient de celui que John Updike publia sur Nabokov (un écrivain que Baker aime également par-dessus tout). Ainsi en vient-il à écrire, de digression en digression, la manière dont Updike, cet «ami imaginaire», vit en lui. Il parle de son idée au rédacteur en chef d'une revue. On lui répond que le résultat pourrait aussi bien être excellent que «tout à fait sinistre».

Le livre est publié aux Etats-Unis en 1991. Baker est un jeune romancier, auteur de nouvelles et de la Mezzanine. Updike a encore dix-huit ans à vivre : on ignore si et comment il a réagi. Martin Winckler, l'auteur de la Maladie de Sachs, amateur de George Perec et de séries télévisées, explique dans la préface qu'il a traduit Updike et moi sur proposition d'un éditeur, Julliard, qui renonça à le publier. Il a fallu qu'Up