Lu dans le Figaro ce titre : «Un roman placé près des caisses se vend mieux.» C'était la semaine dernière, au-dessus d'une interview de Jean-Marie Sevestre, le patron de la grande librairie montpellieraine Sauramps. Celui-ci rapportait qu'en mettant près des caisses un opuscule tout à fait oubliable d'Hippolyte Taine (auteur lui-même oublié) la librairie était parvenue à en écouler un millier d'exemplaires dans l'année. Le journal résumait l'affaire par cette formule générale, compacte et formidable, que nous répétons pour le plaisir : «Un roman placé près des caisses se vend mieux.»
Il semble que les métiers du livre n’ont pas immédiatement perçu toute la richesse de ce constat, mesuré toute la profondeur de cet horizon, évalué toute la fertilité de cette vertigineuse prairie. D’abord, on peut, sans trop de risques, inférer qu’un roman placé loin des caisses risque de se vendre moins bien. Ensuite, il faut s’interroger sur ce qui se passe entre le «loin» et le «près» : les ventes sont-elles linéairement croissantes à l’approche des caisses ? Cette croissance est-elle plutôt logarithmique, exponentielle, asymptotique ? La fonction est-elle continue ou discontinue ? Est-ce que ça marche aussi avec les œuvres complètes de Népomucène Lemercier ?
L’édition serait déjà bien contente d’avoir un éclairage sur ces premiers points. Mais il y a plus urgent. Ce n’est pas sans trembler que nous allons maintenant nous demander si le «roman placé près des caisses» acquiert cette qu