«Parmi les bons policiers, et même parmi les meilleurs, on peut inclure n'importe quel récit de Chesterton. Je connais des lecteurs […] qui lui refusent cette primauté. Ils ne lui pardonnent pas l'excellente habitude qu'il a de n'expliquer que les choses inexplicables. Ils ne lui pardonnent pas son oubli délibéré des horaires et des plans. Ils auraient voulu savoir dans quelle rue et à quel numéro se trouve l'armurerie où le criminel a acheté son coupable revolver…» écrit Jorge Luis Borges. Avec son goût combiné de l'inexplicable et de l'explication, Gilbert Keith Chesterton, né à Londres en 1874 et mort en 1936, fait du paradoxe à la fois son sujet et sa méthode, que ce soit dans ses romans, ses nouvelles, ses essais, ses poèmes et ses biographies (il a publié plus de cent volumes).
Paraissent ces jours-ci en français un recueil de trois nouvelles policières, le Meurtre des Piliers blancs, et un essai dont le titre est fait pour plaire aux partisans d'Olivier Besancenot quoique l'éditeur soit plutôt un ferme soutien de Benoît XVI, mélange qui n'a rien d'étonnant quand il s'agit de Chesterton et de son original catholicisme, Plaidoyer pour une propriété anticapitaliste (le titre anglais est Outline of Sanity) (1).
Pour montrer la singularité des récits policiers de Chesterton, il suffit de citer le titre chestertonien en diable d'un autre recueil traduit par Lionel Leforestier et publié par le Promeneur à l'automne dernier : l'Assassin m