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Critique

L’éthique en liberté

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Philosophie. Ruwen Ogien s’interroge sur «la Vie, la Mort, l’Etat».
publié le 25 juin 2009 à 6h53
(mis à jour le 25 juin 2009 à 6h53)

Apartir de combien de grains de sable a-t-on un tas ? Au bout de combien de péchés une âme est-elle destinée à l'enfer ? «Une action qui a deux effets, l'un bon et l'autre mauvais, est-elle permise dans le cas où c'est seulement le bon effet qui est visé par l'agent ?» Y a-t-il une différence morale entre action et omission, si les conséquences sont identiques ? De telles questions ont donné lieu à d'âpres joutes philosophiques ou théologiques - au Moyen Age.

Dans le débat bioéthique contemporain, il en est du même genre, dont nul ne dirait pourtant qu'elles sont oiseuses, vu le poids des enjeux. «A partir de quand peut-on dire qu'un fœtus est une personne ? Jusqu'à quand les recherches sur l'embryon sont-elles moralement acceptables ? Existe-t-il une différence morale entre faire mourir quelqu'un en procédant à l'injection d'un produit mortel et le laisser mourir en cessant de l'hydrater et de l'alimenter ? […] Entre déposer une pilule mortelle sur la table de nuit d'une personne qui voudrait mourir et la placer dans sa bouche car elle n'arrive pas à le faire elle-même ?»

«Paternalisme». Au croisement de la philosophie, de la religion et de la psychologie, de la médecine et de la morale, de la biologie, de la politique et du droit, la bioéthique n'est pas une discipline très ancienne : mais en quelques décennies elle a réussi à pointer les problèmes les plus essentiels touchant )à la liberté, au sens de la vie et de la mort