C'est malin, ça. Un livre qui s'appelle la Poétesse et, dedans, il n'y est question que de «la Poète». Il y a aussi «et ta mère / elle suce les ours», mais parlons-en plus tard. La Poète, est-ce Giraudon elle-même ? Ou plutôt son entre-deux, ni elle ni fiction, héroïne idoine d'une «homobiographie», comme il est indiqué sur la couverture. Un genre, si l'on ose dire, un peu «queer», avec des phrases louches du style «Elevage de bolcheviques / système thermique assuré / ils sucent mieux que les agoutis», animaux sans aucun rapport avec les ours, l'objectivité journalistique force à le dire : l'agouti est une sorte de lapin dégueu inabouti.
«Tueuse».A part ça, la Poétesse est un livre en trois parties. La première, intitulée «Ma chérie je t'ai fait des phrases trouvées partout», a l'air de raconter la vie de La Poète par bouts rigolos, commençant tous par le mot «hier» ou presque. Lectures, bouffements, réflexions («trois minutes», exceptionnellement «cinq»), rencontres avec les épiciers de l'esprit : «Dans un comité de rédaction La Poète regarde, ahurie, un jeune poète qui parle d'une fille qu'il admire hénormément et qu'il voudrait recommander. Il dit : "C'est une tueuse." Et son visage s'illumine.» Mais l'activité essentielle de La Poète, le croira-t-on, consiste à créer. Et «ça n'intéressait pas plus le public que la fois précédente». Sauf à prendre la