Vos histoires sont presque sans paroles.
Quand j’ai commencé mes histoires dessinées, je n’avais pratiquement rien lu en BD. Ça se voit : il n’y a pas de bulles, pas de paroles. La BD a des règles que je n’ai pas apprises, mais il y a des tas de possibilités pour raconter des histoires muettes. Comme mes personnages ne parlent pas, ils s’expriment de manière très physique, et ça influence mes histoires. Les plus anciennes de mes BD n’ont pas du tout de texte, le lecteur est obligé de lire chaque détail des dessins pour comprendre. Dans ce dernier livre, il n’y a toujours pas de bulles, mais quelques dialogues dans un coin et une légende qui commente la scène. J’ai souvent travaillé sur les relations dans le couple. Pour ce genre d’histoire, travailler sans mots, c’est idéal. Les personnages sont actifs, ils se disputent, il y a des malentendus. Et puis, quand il n’y a pas de paroles, ils vont plus vite au lit, puisqu’ils ne peuvent pas se disputer pendant des heures.
Pour les récits autobiographiques, comme ceux de Tout peut arriver, le texte n'est pas indispensable. En même temps, comme j'avais commencé à lire de la BD, j'ai osé me lancer et travailler avec les mots. C'est une nouvelle dimension, mais ce n'est pas plus facile. Je veux que mes textes soient aussi personnels que mes dessins, mais c'est plus difficile, parce que chaque mot a été utilisé des millions de fois, alors que le dessin est toujours unique.
Tout peut arriver est autobiographique…
C’est une belle expérience d’essayer l’autobiographie. J’aime beaucoup la BD intime de Julie Dou