Fils de déportés, médecin, figure de la contre-culture soviétique des années 60, indésirable pour le régime puis exilé aux Etats-Unis où il enseigne la littérature russe, soutien de Boris Eltsine, accueilli par le nouveau régime et enfin hostile à Poutine, mais d’abord et avant tout romancier : tel est Vassili Axionov, mort le 6 juillet à 76 ans, après quinze mois de souffrance et une vingtaine de livres.
Tamaris. Dans son appartement moscovite, au cœur de l'un des sept hauts immeubles staliniens dominant la capitale, il aimait montrer, gravées sur une fenêtre, les signatures des zeks (prisonniers politiques) qui avaient travaillé à sa construction. Il avait l'air d'un vieux chat tendre et solide, au bon sourire et aux yeux sombrement clairs, semblable aux tamaris qui ouvrent Terres rares (Actes Sud), son dernier roman agité de fantaisie sinistre et de jeux de mots gogoliens : «Figurez-vous des troncs sombres et noueux couverts d'écailles du vert clair le plus tendre. La plupart, pour ne pas dire quasiment tous, semblent avoir rendu l'âme depuis longtemps déjà, rongés de l'intérieur par des parasites ou des épreuves particulièrement pénibles et irréversibles.» Axionov appartenait aux exceptions.
Ces dernières années, c'est à Biarritz, autrement dit nulle part, qu'il écrivait ; mais c'est à Moscou qu'il est mort et, s'il ne doit rester qu'un seul livre de lui, c'est Une saga moscovite (deux tomes en «Folio») : l'un des grands