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Portrait

Garnier, lumière noire

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Scalpel. Tranches de vie dans une résidence de seniors.
publié le 9 juillet 2009 à 6h53
(mis à jour le 9 juillet 2009 à 6h53)

Du bonheur, les héros de Pascal Garnier ne connaissent que des flashs, tranchants comme des scalpels. Leur quotidien, c'est la vieillesse, la solitude, la décrépitude. No future, toute la crudité et l'implacabilité de la vie sont là, dans ces mots cliniques et familiers distillés au fil de romans courts et intensément noirs.Pourquoi cette obsession de la vieillesse ? «Je ne supporte pas de vieillir. On devient moche, on a mal partout, et on va mourir bientôt», dit-il. «En même temps, l'intérêt d'être vieux, c'est qu'on peut tout se permettre. Se laisser aller, faire des caprices. C'est un retour à l'enfance, on n'a plus rien à prouver, on redevient ce qu'on a été.»

Troublant. Parler avec Pascal Garnier, c'est entrer de plain-pied dans ses livres. Cet homme-là dégage l'amertume et la gourmandise mêlées des vies cabossées puis redressées, il ressemble à ce point à son écriture que c'en est troublant. Peu de mots mais chargés. Pas de tralala ni de séduction. Si vous n'aimez pas, c'est pareil. Les premiers instants, les premières pages, on est parcouru d'un frisson un peu glacé, on ne sait pas trop si c'est bon ou pas, on a juste envie de continuer. Puis on ne peut plus décrocher, on écoute, on lit, capté par tout ce noir percé de lumières.

Son nouveau roman, Lune captive dans un œil mort, se déroule dans une de ces résidences pour seniors dont on vante les mérites dans des pubs à la télé, ultrasécurisées et déshumanisées, clubs