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Libération
Critique

L’âge d’homme à la loupe

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XIXe siècle. Anne-Marie Sohn étudie la façon dont se bâtit l’identité masculine.
publié le 9 juillet 2009 à 6h53
(mis à jour le 9 juillet 2009 à 6h53)

Quel garçon d'autrefois, mais peut-être même d'aujourd'hui, n'a pas entendu un jour ce «Sois un homme !», injonction péremptoire, souvent prononcée pour condamner des comportements jugés peu virils ou inviter à des postures qui inscrivent le garçon dans la lignée des adultes mâles ? Si l'ordre est séculaire, Anne-Marie Sohn a tôt fait de montrer qu'il ne se réfère pas à une identité unique et statique mais recouvre des réalités différentes selon les lieux, les classes et les moments du long XIXe siècle. Ce livre confirme ce que dévoilaient les premières études sur la masculinité, champ de recherches en plein développement : on ne naît pas homme, on le devient.

C’est sur ce devenir et son évolution que l’auteure interroge les archives ; un questionnement complexe car, à la différence des filles, les jeunes gens ne sont ni des diaristes ni des épistoliers. Ce silence sur soi exprime la tranquillité d’esprit de celui dont l’identité, parce qu’elle est la norme, génère peu d’interrogations angoissées. Toutefois, l’historienne montre que le devenir homme induit la soumission des jeunes gens à des modes de socialisation et implique toute une geste propre à exprimer l’éclosion de la virilité.

Barbe et muscle. Pour être efficients, ces processus doivent se donner à voir et, en premier lieu, sur le corps : la barbe - mais aussi la moustache, signe de distinction de courage car initialement réservée aux officiers dont l'ombre napoléonienne est écrasante au dé