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Critique

La philo ouvre la danse

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Esthétique. De la difficulté à penser la chorégraphie comme art.
publié le 9 juillet 2009 à 6h53
(mis à jour le 9 juillet 2009 à 6h53)

La danse semble naître spontanée des trémoussements du bébé, des jeux, des pirouettes et des rondes enfantines. Et l'homme, dès son origine, a dansé, pour saluer les naissances et les morts, les mariages et les partages de nourriture, pour faire tomber la pluie, chasser les sortilèges, parler avec les dieux. Aussi, qu'elle soit ludique, magique, érotique, sacrée, guerrière, la danse semble-t-elle moins un art qu'une matrice culturelle, d'où sourdent presque toutes les expressions de la vie. Pourtant, au cours de l'histoire, elle a subi bien des discrédits, liés à l'abjection dont on entourera le «physique», le corps. Saint Augustin y voit une marque du diable, une «folie lascive».

Articulation. Sous les empereurs chrétiens, on nie les sacrements aux danseurs et aux comédiens, on excommunie ceux qui assistent à leurs exhibitions. Encore aujourd'hui, le mot «danseuse» ne s'est pas tout à fait libéré de ses connotations négatives, où se mêlent argent, mœurs faciles et plaisir. Alors que les danses populaires se perpétuent au fil des traditions, la danse théâtrale apparaît au XVIe siècle dans les cours d'Europe sous la forme classique du ballet, conçu et réalisé pour être présenté en public - avec ses pas, ses figures, ses modules de mouvements, sa technique, ses schémas chorégraphiques, sa scénographie. Dès lors, elle se pose certes en art à part entière, bien que sa finalité ne soit souvent que le divertissement des princes. Mais son statut