«Je suis un grand patriote cosmopolite !» est une phrase qu'il a prêtée à son personnage de milliardaire écrivain Barnabooth et qui s'applique à Valery Larbaud lui-même dont paraît aujourd'hui une énorme «édition définitive» du Journal. Si ce volume est si gros, c'est aussi qu'il contient la traduction de centaines de pages écrites en anglais. Des phrases ou des mots en italien, espagnol, allemand ou portugais apparaissent aussi tandis que l'écrivain frôle la cuistrerie en évoquant ses manques en néerlandais. Né en 1881 et héritier de la source Saint-Yorre, Valery Larbaud fut poète, nouvelliste et romancier (A. O. Barnabooth, Enfantines, Fermina Marquez), et aussi critique et traducteur, théoricien de la traduction (Ce vice impuni, la lecture, Sous l'invocation de Saint Jérôme).
Les pages du Journal sont scandées par les noms des écrivains qu'il lit et aime (ou pas), qu'il traduit, préface, rencontre et fait connaître en France, et cette liste transforme Valery Larbaud en anthologie à soi tout seul : James Joyce, Rainer Maria Rilke, William Faulkner, Giuseppe Ungaretti, Ramon Gomez de la Serna, Walt Whitman, Eça de Queiroz, Katherine Mansfield, Samuel Butler. En France, il est un des fondateurs de la N.R.F. (et son argent fait que, à tort, ses interlocuteurs l'en croient souvent actionnaire), et il est proche d'André Gide, Paul Valéry, Léon-Paul Fargue (et ce protestant converti au catho