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Libération
Critique

Candida a son conte

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Préférence. L’héroïne de Véronique Ovaldé revient mourir dans l’île tropicale où les femmes de sa famille ont subi la violence et  le désir des hommes.
publié le 27 août 2009 à 6h53
(mis à jour le 27 août 2009 à 6h53)

Comme dirait Vialatte et comme des chercheurs l'ont montré, les contes remontent à la plus haute antiquité, c'est-à-dire à la préhistoire, même si (et peut-être parce que) dans la vraie vie ni les fées ni les princes charmants n'existent. Véronique Ovaldé le sait comme tout le monde, mais elle ne peut renoncer à y croire, à les imaginer dans ce monde-ci, le nôtre, celui où faire sa vie librement est un acte de chevalerie et un enchantement désespéré, l'avenir n'ayant «rien d'un champ de coquelicots».

«Barrière». Ses derniers romans sont donc des compromis, des cerises si l'on veut, un noyau de vraie vie pris dans le rouge du conte. Mais, la vraie vie étant ailleurs, ce compromis a un prix : l'histoire commence par la mort de l'héroïne.

Début d'Et mon cœur transparent, son précédent roman : «La femme de Lancelot est morte cette nuit.

«Le jour de leur rencontre, quand il lui avait annoncé, Je m’appelle Lancelot, il avait pris un air tout à fait désolé, un air contrit qui l’avait conquise.»

Début de Ce que je sais de Vera Candida : «Quand on lui apprend qu'elle va mourir dans six mois, Vera Candida abandonne tout pour retourner à Vatapuna.

Elle sait qu'il lui faut retrouver la petite cabane au bord de la mer», etc. Dans les deux cas, la première phrase est seule, suivie d'un retour à la ligne : premier violon qui donne le la. Un ton simple, au présent, celui du constat, un mort à partir duquel l'imaginat