Mo Yan, romancier prodigieux, pas seulement prolifique et parfaitement traduit, a conquis de par le monde des centaines de milliers de lecteurs admiratifs. L'admiration connaît des nuances, elle peut rester froide, elle peut être désarçonnée, éperdue, sans limites ou sans contours. Du Clan du sorgho au Supplice du santal, de l'Enfant de fer à Beaux Seins, Belles Fesses, en passant par des textes brefs et plus ou moins mystérieux comme la Carte au trésor ou Explosion, la créativité de Mo Yan est admirable, comment ne pas s'incliner ?
C'est un peu différent avec la Dure Loi du karma. Il s'agit encore d'un roman monstre (préférons ce mot à saga qui dégage une aura de facilité), d'un livre très long, titanesque. Mais c'est différent parce qu'il suscite un enthousiasme enfantin. Certaines scènes sont si épiques, ou si émouvantes, qu'elles restent en mémoire comme des morceaux de lectures d'avant, de quand on était petits. Cela tient, bien sûr, à l'argument, qui donne le rôle principal aux animaux : un homme mort en 1950 se réincarne successivement en âne, en bœuf, en cochon, en chien, en singe et, pour finir, en bébé baptisé «Grosse Tête» né avec le siècle.
Roi des sangliers. Il faut voir l’âne rejoindre l’ânesse dont il est fou (elle a été une femme suicidée par amour dans une vie antérieure). Il découvre qu’elle est coursée par deux loups qui font en sorte de l’épuiser. L’âne se précipite