Un homme regarde la couche de neige s'accumuler sur le balcon en fer forgé de son appartement. A plat ventre, il passe des heures à fixer les dessous d'un fauteuil. C'est un jour de l'hiver 2003 à New York. La torpeur a pris possession de l'esprit de Hans. Comme elle semble avoir anesthésié la ville. Les journaux publient des articles sur la guerre en Irak à côté de photos de bambins américains à luge. Hans Van Den Broek a 34 ans, il est analyste financier pour la M., une banque d'affaires. La finance ou la crise n'est pas le sujet de Netherland. La scène de la neige se veut la description d'un entre-deux, source de désespoir muet. Un cotonneux instant d'équilibre, tendu entre un avant et un après. Un fil mélancolique sur lequel Joseph O'Neill, 45 ans, parvient à maintenir délicatement tout son roman.
Hans, le narrateur, est arrivé à Manhattan en 1999 avec sa femme, Rachel, une avocate anglaise. Après le 11 Septembre, ils ont quitté leur appartement de Tribeca pour s'installer avec leur jeune fils Jake au Chelsea Hotel. Mais quelque chose a changé. Le couple plein d'entrain, heureux depuis dix ans, s'est érodé. Pompé de l'intérieur. «Je me sentais, avant tout, fatigué. La fatigue : s'il y avait un symptôme constant de la maladie qui avait touché nos vies à ce moment-là, c'était bien la lassitude. Au travail, nous étions infatigables ; à la maison, la plus petite manifestation de vie était au-dessus de nos forces.» Rachel ne se sent plus de rester à New York