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Libération
Critique

Fil de famille

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Préférence. Colum McCann raconte la journée de deux frères irlandais dans le Bronx de 1974, quand le World Trade Center était aux pieds d’un funambule.
publié le 3 septembre 2009 à 0h00

La beauté de ce roman, c'est un petit groupe de personnages bizarrement assortis et leurs relations dans le Bronx pourri, dangereux, mais vivant des années 70, la force visuelle de certaines scènes, l'évocation de la vie à la fois excitante et claustrophobique des informaticiens de l'armée au Vietnam, un accident d'auto comme filmé au ralenti, «le volant repousse violemment Corrigan, lui fracture le sternum, sa tête rebondit sur le pare-brise, le verre fait une toile d'araignée sanglante…». La frustration ce roman, c'est l'absence d'un centre.

Le projet de Colum McCann était d'écrire sur le 11-Septembre et aussi sur Philippe Petit, cet homme qui a marché sur un câble entre les Twin Towers, à 400 mètres au-dessus du vide. Le projet initial s'est effacé devant la force des personnages fictifs et c'est tant mieux, mais, du coup, le seul fil qui reste, le fil-de-fériste français, n'est plus qu'un prétexte. En dehors des moments où on l'aperçoit pendant sa traversée, on n'entre que deux fois dans la vie du funambule. On retrouve l'étonnant don qu'a McCann pour décrire des scènes de neige d'une précision hallucinée, comme dans Danseur, un de ses précédents romans. «La neige réinventait une lumière qui se courbait, se colorait, se réverbérait. Il était hilare, comme défoncé. Je devrais plonger, nager. Il a levé un pied avant de bondir… Et il a compris avant même de s'enfoncer.»

Fournaise. La vraie histoire, donc, est une journée particulièr