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Libération

L’amour au temps du terrorisme

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Le cahier Livres de Libédossier
publié le 3 septembre 2009 à 0h00

Le narrateur veut comprendre. Encore jeune homme, il travaille à la gare de Copenhague pour trouver un hôtel aux voyageurs. Cette femme qui aura une si grande importance dans sa vie, elle suscite ses déductions dès la deuxième phrase du roman. «Elle est arrivée un soir par le dernier train de Hambourg. J'ai deviné qu'elle avait pris ce train parce qu'elle tenait un sac plastique d'un grand magasin allemand.» Mais le mystère est dans les faits, aucun récit ne peut l'anéantir. Toujours à propos de cette femme, alors jeune fille : «Sa mère s'inquiétait pour elle et son beau-père avait essayé de lui parler comme s'il la comprenait. Comme s'il y avait quelque chose à comprendre.» L'énigme de la vie ne se résout pas à coups de phrases. Compte rendu d'une aventure sexuelle (mais pas seulement) de la jeune fille : «Ils n'avaient rien dit après le premier baiser. C'était comme si, chacun de son côté, ils avaient pensé qu'il fallait choisir, parler ou s'embrasser, et que le moindre mot les aurait mis dans l'impossibilité d'aller plus avant. […] Les mots auraient rendu la chose étonnante, car ils auraient été soit trop anodins comparés à l'étrangeté de la situation, soit trop étrangers eu égard à l'intimité soudaine. Aussi longtemps qu'ils se taisaient, il n'y avait rien de surprenant.» Il faut les mots de Jens Christian Grøndahl pour aller «plus loin», son sens du récit, son étonnante capacité à mêler la douceur et la brutalité.

L'écrivain danois né