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Libération
Interview

«Déprimant de voir à quel point ces gens étaient narcissiques»

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L’auteur raconte les paradoxes de la filiation
publié le 10 septembre 2009 à 0h00

Pour la sortie de son livre, A.M. Homes était à Paris, sa «seconde maison». Une partie de ses ancêtres y sont nés, et elle veut y passer quelques mois par an.

Dans le chapitre intitulé «Le cul de mon père», vous parlez de la différence entre parents imaginaires et parents réels…

Enfant, je me sentais rejetée, tenue à distance, mais, pour un futur écrivain de fiction, c’est très libérateur de pouvoir réinventer son histoire, d’imaginer qu’on a des parents qui ressemblent à Susan Sontag et à Jack Kerouac et de ne pas avoir le sentiment d’appartenir à qui que ce soit. Du coup, quand Ellen m’a dit que son père était mort d’un infarctus, j’ai commencé à avoir des douleurs dans la poitrine, l’histoire biologique nous traverse littéralement. Ça a été déprimant de découvrir cette réalité biologique, déprimant aussi de voir à quel point ces gens étaient narcissiques. En fait, c’est très bien que j’aie été abandonnée, parce qu’aucun des deux n’était équipé pour être un parent. Quand je les ai retrouvés, j’avais plus de 30 ans, et rien n’avait changé : il s’agissait toujours de leurs besoins à eux, ça n’avait rien à voir avec ce qui pouvait être bon pour moi.

A ma naissance, mon père a baratiné ma mère, «on va faire ça et ça», trente ans plus tard, il a recommencé avec moi, et n'a rien fait de ce qu'il avait promis. La plupart des gens finissent par mûrir, pas eux. C'est assez étonnant quand on y pense : chacun de son côté a échoué à grandir. Quand je les ai revus, mes parents biologiques étaient aussi immatures que quand ils m'ont conçue. Dans le dernier chapitre, écrit comme une déposit