Homes est romancière. Trois de ses cinq romans ont été traduits en français dont, l'an dernier, l'étonnant Ce livre va vous sauver la vie. Elle a toujours dit qu'elle détestait les autobiographies. Le Sens de la famille est pourtant un texte totalement autobiographique qui raconte comment, trente-deux ans après sa naissance, trente-deux ans après avoir été abandonnée et adoptée, elle a retrouvé ses parents biologiques. Pas parce qu'elle les a recherchés, mais parce qu'ils ont fait irruption dans sa vie. Le rêve de tout enfant adopté ? Sauf qu'un rêve réalisé peut devenir un cauchemar. En tout cas, l'expérience est violente. «Chaque information se coule en moi, s'enracine, s'insinue. Il n'y a pas de filtres, pas d'écrans, je n'ai rien pour me protéger de ça.»
Pompes funèbres. A.M. Homes, née en 1961, avait déjà écrit un roman, Mauvaise Mère (Belfond, 1997) où elle racontait l'histoire d'une fille adoptée. Le Sens de la famille, qui n'est pas une fiction, raconte l'onde de choc, la remise en cause de ce qu'elle a imaginé, construit. Elle raconte la distance entre parents fantasmés et parents réels, se demande de quoi on est fait et ce qu'on reçoit de ceux qui nous donnent leurs gènes et de ceux qui nous élèvent. «Par moments, je me suis sentie soulagée de ne pas "descendre" de mes parents, d'être délestée de leur biologie, pour éprouver ensuite un sentiment d'altérité profonde, de douloureuse solitude.» Elle