Le prestige de la France sur la scène littéraire internationale s'est effondré dans la soirée du jeudi 3 septembre. L'accident s'est produit à Barcelone. Alors qu'il recevait (pour son roman If the Dead Rise Not) le «Premio internacional de novela negra RBA», prix de littérature policière le mieux doté au monde puisque le lauréat empoche 125 000 euros, l'auteur de polar écossais Philip Kerr a gloussé : «J'ai récemment reçu un prix en France… qui ne consistait qu'en quelques bouteilles de vin.» Patatras ! Même l'immense Bernard Kouchner n'arrivera pas à relever notre pays d'un gadin pareil.
Si Philip Kerr ne devait compter pour vivre que sur les prix littéraires français, il serait vite fauché et alcoolique. Comme beaucoup de nos grandes plumes, hélas ! On sait que l'Académie Goncourt a l'immense bonté de remettre à son lauréat un chèque de 10 euros, laissant au marché (les ventes de livres) le soin de récompenser plus dignement l'intéressé. Les jurés, paraît-il, gardent le pognon pour faire ripaille dans un resto proche de l'Opéra, lors de réunions qualifiées d'«orgiaques» par le personnel. La plupart des autres prix prestigieux ne procèdent pas différemment, parfois même il n'y a pas de chèque. Chez nous, l'écrivain méritant a le droit à un coup de pinard, point barre. A l'étranger, il repart avec de quoi se payer deux Porsche. Boire ou conduire ?
Le jury français pour lequel l'œuvre de Kerr ne vaut guère plus que quelques boutanches est celui du Pr