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Libération
Critique

Indiens sur le sentier de la démocratie

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Le sociologue Yvon Le Bot refait le parcours identitaire indien amorcé dès les années 60 sur le continent latino-américain.
publié le 19 septembre 2009 à 0h00

L'Indien, figure de l'homme moderne ? C'est la thèse qui sous-tend la Grande Révolte indienne, le livre qu'Yvon Le Bot consacre à «la question indienne aujourd'hui, de la Terre de Feu à la Californie». Sociologue, directeur de recherches au CNRS, Le Bot est un spécialiste des mouvements culturels et sociaux sur le continent latino-américain.

Son ouvrage a pour premier mérite de remettre en perspective des événements récents, du soulèvement zapatiste au Chiapas (1994), à l'élection d'Evo Morales à la présidence bolivienne (2005), et de battre en brèche plusieurs idées reçues. Non, l'affirmation d'une identité indienne n'est pas un archaïsme : «Contre l'idée d'un Indien "authentique", véhiculée par le tourisme et certains médias, mais à laquelle se raccroche aussi une anthropologie puriste, il faut rappeler que la plupart des Indiens aujourd'hui n'appartiennent pas à des communautés tribales ou rurales traditionnelles […]. Ils sont insérés dans des sociétés ouvertes, […]inscrits dans des dynamiques nationales et internationales. Ils sont nos contemporains.»

Le revival indien n'est pas non plus un retour aux illusions révolutionnaires des années 60 : «Les mouvements indiens ont surgi alors que les guérillas refluaient ou étaient écrasées. Ils ont parfois été pris dans l'engrenage des conflits armés, mais ne se sont développés qu'en s'en écartant ou en refusant la logique politico-militaire.» Pour Le Bot, c'est dans les années 60 que le