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Libération

Kafka m’isole

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publié le 24 septembre 2009 à 0h00

A la question «Lire rend-il plus intelligent ?», la réponse invariablement est : «Cela dépend de ce qu’on lit.» Les œuvres d’Ovide et de Guillaume Musso ne suscitent probablement pas la même effervescence synaptique : il faudrait allonger dans un scanner les lecteurs des unes et des autres afin de voir comment ça bouillonne sous leur boîte crânienne (des volontaires pour Ovide ?). Toutefois, depuis quelques jours, il est possible de faire à la question introductive une réponse moins évasive, sans même recourir à l’imagerie par résonance magnétique. Car on sait désormais ce qu’il faut lire pour penser plus clair.

La lumière vient du dernier numéro de la revue Psychological Science qui, entre ses pages 1125 et 1131, affirme puis démontre que Kafka rend plus intelligent (1). Nous répétons : lire Franz Kafka assouplit le neurone. Cette découverte ouvre des perspectives si étourdissantes qu'elle mériterait que nous interrompions cette chronique sur le champ, ce qui vous laisserait un peu de blanc en dessous pour y dessiner des Mickeys.

Hélas ! Science et littérature sont choses complexes, au point qu’il va falloir consacrer le reste de cette colonne à bien cadrer l’affirmation «Kafka rend plus intelligent» afin d’éviter qu’en soit fait un usage déraisonnable.

Travis Proulx et Steven Heine exercent leur activité de chercheurs en psychologie sur les campus de UC Santa Barbara et de l'université de Colombie-Britannique, qui ne sont pas les plus désagréables de l'Amérique du No