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Libération
Critique

Leçon de cloche

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Réédition du «Paris insolite» de Jean-Paul Clébert, immergé en 1952 dans les bas-fonds de la capitale
publié le 24 septembre 2009 à 0h00

De l'armée ombreuse des auteurs émargeant à la catégorie Piétons de Paris, l'ombrageux Jean-Paul Clébert est sans doute le plus atypique biffin. En atteste assez son Paris insolite, grand bousculeur des conventions du genre, et tout autant la réédition de ce best-seller, comme on ne disait pas alors, plus insolite que son titre et qui vaut mieux que son titre. «Roman aléatoire», précise la jaquette emballant le premier opus d'un jeune homme alors (nous sommes en 1952) âgé de 26 ans, entré dans la Résistance en 1943, puis sorti de la prison où l'avaient conduit ses libertaires errances (on encabanait encore, après-guerre, pour «vagabondage»). C'est mieux, mais ce n'est toujours pas ça…

C'est que, deux ans après l'édition originale de Denoël, le fameux graphiste et typographe Massin s'avisa d'y adjoindre, pour le Club du livre, 115 photos de Patrice Molinard. La quatrième de couverture ne dit pas comment celui-ci remplaça «l'ami Doisneau», pressenti, mais à l'heure de la célébration unanimiste de la photo «humaniste», on relira avec attention les mots que cette collaboration inspira à Clébert dans l'avant-propos de 1954 : «Ce Molinard, que je ne connaissais pas, a l'œil […]. Ses photographies sont justes. Et heureusement débarrassées de cette "atmosphère" qui baigne et noie généralement ce genre de photo. […] Molinard en a banni le plus possible le caractère pittoresque, dont j'ai horreur, et qui exploite trop souvent la misère.» Et