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Libération
Critique

Le théâtre des deux Bodo

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Comment Jacques Jouet est devenu africain
publié le 1er octobre 2009 à 0h00

Nul ne sort indemne - au moins indifférent - d'une histoire vécue avec l'Afrique noire. Jacques Jouet ni plus ni moins que bien d'autres, on serait tenté de citer la cinéaste Claire Denis, hantée de souvenirs africains - elle a vécu longtemps à Djibouti. Alors, Jacques Jouet est-il marabouté ? Marabouté par la terre rouge envahissante qui pigmente là-bas tout ce qu'elle touche. Jacques Jouet n'est pas né en Afrique, mais il est entré en familiarité avec elle. Son premier séjour remonte à ses 30 ans, quand, invité par un ami béninois étudiant en médecine à Paris, il a passé quelques semaines à Cotonou. «Voyage qui m'a profondément marqué», dit-il. Mais c'est seulement vingt ans plus tard, en 1997, qu'il a commencé à réellement fréquenter l'Afrique : chaque année il se rend au Niger pour y mener des chantiers théâtraux.

«On me demandait de fournir les choses que je savais, écrit-il dans sa préface, quand je savais surtout que j'étais là pour apprendre un nouveau monde, ni tout à fait un autre ni tout à fait le même que "le mien".» Il dit aussi de l'Afrique qu'elle est son second pays. Voilà un indice de l'envoûtement. Il dit encore que, nourri de toutes ces expériences africaines, il voulait écrire un roman. Il l'a fait, et son roman, sobrement titré Bodo, est un très beau diamant africain. Car Bodo est bel et bien un roman «africain». Qui vous dit que tout est possible, là où règnent le désordre, la guerre, la désolation, l