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Libération

Le «vieux nid de rats» d’August Strindberg

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publié le 1er octobre 2009 à 0h00

«Je commence le bombardement !» Tel est le sous-titre, dû à l'épistolier lui-même, de ce premier volume de la Correspondance d'August Strindberg. De fait, le Suédois tape sur tout ce qui bouge, y compris lui-même. Dans sa présentation, Elena Balzamo parle d'«un gigantesque soliloque» pour évoquer ces dix mille lettres parues en vingt-deux volumes en Suède et dont Zulma publie un choix en trois tomes, le premier, qui paraît aujourd'hui, couvrant les années 1858 à 1885 (Strindberg est né en 1849 et mort en 1912). Sa correspondance est comme le laboratoire du dramaturge, romancier, nouvelliste, poète et pamphlétaire. «Ainsi les lettres constituent-elles moins des réactions aux réponses qu'il reçoit que des étapes de sa propre réflexion», écrit Elena Balzamo. De tous les côtés, on retrouve ici la singularité de l'écrivain. Alors âgé de 23 ans, le futur auteur du Plaidoyer d'un fou et Inferno a une étrange prière, «implorer le Seigneur de m'envoyer une douce folie, car ce serait le seul moyen de m'épargner la démence». Ce n'est pas non plus tout le monde qui fait ainsi sa déclaration : «Je t'aime, parce que j'aime ton chagrin, le chagrin et moi sommes des amis de longue date […].» Extrémisme politique de celui qui estime que «l'éducation reçueest comme une vieille syphilis : les plaies se rouvrent quand on s'y attend le moins !» «Je suis socialiste, nihiliste, républicain, tout ce qui es