Un paysage, et, à l'intérieur du paysage, un bonhomme. Le paysage est écossais, insulaire, somptueux. Le bonhomme est disgracieux, mains «comme des rames», corps solide, façonné par le travail dans la forêt, sous une «petite tête ronde aux grandes oreilles molles», le visage tordu par un tic. Le paysage est animé d'une force autonome, qui se manifeste à travers le vent. Quant à Murdo Munro, puisque tel est son nom, il vient de faire quelque chose d'extraordinaire.
«Lavis».Vers l'aube, deuxième roman de l'Ecossais Dominic Cooper, né en 1944, qui a écrit trois livres entre 1975 et 1978 (le premier, le Cœur de l'hiver a été traduit en 2006), et rien d'autre depuis, propose les deux points de vue, celui de l'homme et celui du paysage où il s'inscrit : «La tête de Murdo bascula en arrière et il regarda l'oiseau qui décrivait des cercles, une croix blanche à mi-hauteur des profondeurs marines du ciel. L'oiseau vira et plana en silence, tournant la tête de façon sporadique pour regarder l'homme qui lui apparaissait comme une petite excroissance enracinée dans la gorge de la rue du village.» Comme pour mieux signifier qu'il n'est pas plus du côté du personnage que de la nature, Cooper garde ses distances, écrit par exemple, lorsque Murdo Munro passe à l'acte et monte chez lui se changer : «On entendit des bruits à l'étage […].» Le roman va conserver cet équilibre inusité, l'horizon étendre «ses premiers lavis