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Libération

Vie amoureuse des canards

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publié le 8 octobre 2009 à 0h00

Le mois dernier se sont tenus à Gdansk (Pologne) deux jours de conférence sur le thème «Comment parler des livres que l'on n'a pas lus». C'était un hommage au Français Pierre Bayard, auteur d'un fameux ouvrage portant ce titre, ainsi qu'une occasion donnée à quelques dizaines de spécialistes de la théorie littéraire d'explorer le formidable champ qu'est la «non-lecture». Nous n'étions pas à Gdansk, aussi aurons-nous à relever cet autre défi : «Comment parler des conférences auxquelles on n'a pas assisté.»

Comment ? D'abord en localisant une des participantes dès son retour de Pologne, puis en l'extrayant de la bibliothèque de la Sorbonne où elle prépare une bio de Barthes (à paraître en 2010 chez Flammarion), enfin en l'emmenant déjeuner dans la rue Monsieur-le-Prince, où l'offre de restauration s'est considérablement diversifiée depuis les temps balzaciens. C'est au-dessus d'un plateau de huit sushis que nous lui avons demandé : «Alors c'était comment ?» Et Marie Gil de répondre : «C'était vachement bien.»

Marie Gil qui, après un doctorat de lettres, un ouvrage sur Bernanos et un autre sur Péguy, prolonge une douce vie d'étudiante par un postdoc à l'ENS rue d'Ulm, est arrivée grippée à Gdansk. Arpentant nuitamment les rues de la vieille ville à la recherche d'une pharmacie, elle est tombée sur Pierre Bayard qui a consenti à l'aider dans son entreprise. Le lendemain matin commençaient les hostilités dans une salle de l'université dont les fenêtres pl