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Libération
Critique

De la musique avant toute glose

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Le cahier Livres de Libédossier
Le journal de Jacques-Henri Michot, au diapason des injustices policières
publié le 15 octobre 2009 à 0h00

Ce serait à peu près comme ça : «luis buñuel écrivait qu'il lui conviendrait de ressusciter une fois tous les dix ans il lirait alors les journaux prendrait la mesure des désastres du monde et regagnerait sa tombe d'où il ressortirait donc dix ans plus tard et ainsi de suite.» Sauf que Jacques-Henri Michot ressuscite tous les jours et qu'entre-temps il a des nuits agitées, «malgré calmax et noctuor» et le whisky qu'il n'a jamais arrêté. Il se verse jusqu'à plus soif le dégoûtant apéritif de l'homme moderne (non, pas le whisky, bande de prohibitionnistes, le journal) et le sirote sur fond de Haydn ou de Chostakovitch, noyant les tortures et les injustices qu'il recense dans le chagrin d'un adagio de Mozart ou, plus rarement, se revigorant d'une «polonaise de combat» signée Chopin.

Sifflet. Un peu plus de dix ans après son fameux ABC de la barbarie, Michot continue ici la «chronique» des horreurs policières commises par les démocraties libérales, mais cette fois sous forme de journal intime, tenu entre le 29 avril 2008 et le 29 avril 2009, avec quelques ellipses dedans. Comme un fracas est aussi une sonate, le second thème étant on l'a dit l'écoute, que Michot perpètre tel un narrateur de Thomas Bernhard : combat en rêve avec des gens qui portent «aux nues des interprétations […] d'une accablante médiocrité» ou prescriptions à ses lecteurs d'un Enlèvement au sérail mené par Ferenc Fricsay.

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