Une Philosophie des blagues, fût-elle Petite, c'est l'idéal : on cumule le plaisir de lire des histoires drôles avec la gratification de ne pas être là pour rigoler mais de s'instruire - un peu comme, à l'époque où le magazine plein de jeunes filles dénudées s'introduisit en France, il y avait des gens prétendant acheter Playboy pour les textes plutôt que pour les photos. Même le Mot d'esprit et ses rapports avec l'inconscient, de Freud, on y retourne voir en diagonale pour retrouver les meilleures histoires. C'est dire que, tout en étant attentif à son étude et ses commentaires, on attend surtout de Jim Holt et sa Petite Philosophie des blagues et autres facéties des histoires drôles de qualité : il sera aussi jugé à cette aune. On n'est pas déçu, dans l'ensemble. Il y a déjà quelque chose d'amusant à voir l'auteur, collaborateur du New York Times et du New Yorker, ressusciter les érudits de la blague et les divers scientifiques de l'humour. «Une étude de 13 804 blagues recensées à New York en 1963 révélait que 17% d'entre elles touchaient au sexe et 11% aux "négros".» Jim Holt s'intéresse aussi aux cas d'école, aux performances humoristiques, telle la blague en une phrase («J'étais si laid à ma naissance que la sage-femme a giflé ma mère») et même en deux mots («Prétentieux ? Moi ?»). Il prend soin de placer l'humour jusque dans sa recherche, quand il étudie la façon dont circulent le
On ne badine pas avec l’humour
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Le cahier Livres de Libédossier
par Mathieu Lindon
publié le 15 octobre 2009 à 0h00
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