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Libération

Jean-Michel Guenassia Avec et sans panaché

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publié le 22 octobre 2009 à 0h00

Les lecteurs apprécient que les personnages des romans qu'ils lisent soient eux-mêmes des lecteurs. Sans doute parce que cet effet de miroir est rassurant, cela nourrit le succès de certains livres : ainsi de l'Elégance du hérisson, du Cercle littéraire des amateurs d'épluchures de patates, best-seller inattendu du printemps dernier, et, cette rentrée, du Club des incorrigibles optimistes, accompagné d'une réputation flatteuse et fort de ses 55 000 ventes.

«J'avais horreur de perdre mon temps. La seule chose qui me paraissait utile, c'était de lire.» Le héros du Club, 12 ans en 1959, et une taille qui le fait objectivement passer pour un grand (1,73 mètre au début de l'histoire), lit sur le chemin de lycée, en marchant, et a tendance à s'attarder. «J'ai fini par classer les écrivains en deux catégories : ceux qui vous laissaient arriver à temps et ceux qui vous mettaient en retard. Les auteurs russes m'ont valu une ribambelle de colles.» Il n'y a pas que Tolstoï ou Dostoïevski. Quand Michel découvre Henry James, il écope de six heures de retenue. L'auteur, Jean-Michel Guenassia, lui prête quelques théories : «Il y a dans la lecture quelque chose qui relève de l'irrationnel. Avant d'avoir lu, on devine tout de suite si on va aimer ou pas. […] Un livre, c'est un être vivant. Les gens, rien qu'à les voir, vous savez à l'avance si vous serez leur ami.» Un jour de 1963, en sortant de la Cinémathèque rue d'Ulm,