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Libération
Interview

«Karski, le porteur de parole» 

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Yannick Haenel relit son best-seller à la lumière des critiques
publié le 22 octobre 2009 à 0h00

Il parle de fauteuil vide, comme Karski, dit-il, laisse le sien à l'écran, dans Shoah de Claude Lanzmann. Yannick a changé son écriture, prêté sa main à Jan. A voulu s'effacer devant le message de son héros. Au point que le public, qui se passionne depuis début septembre pour Jan Karski, le livre et l'homme, appelle parfois Haenel «Jan» par lapsus. Presque tous les soirs, de Strasbourg à Montpellier en passant bientôt par la Pologne, on vient demander des nouvelles de Jan à Yannick.

Jan Karski met sous les yeux des lecteurs l'histoire vraie d'un résistant polonais, messager du gouvernement secret de son pays, qui voulut avertir Roosevelt de l'extermination des Juifs par les nazis. En usant deux fois du procédé frappant et distanciant de l'ekphrasis (la description littéraire d'une œuvre d'art), Haenel détaille dans une première partie l'intervention de Karski telle que filmée par Lanzmann. La seconde partie se présente comme un résumé, mais presque dans le style du roman d'aventures, du livre écrit par Karski en 1944 aux Etats-Unis, traduit sous le titre Mon témoignage devant le monde. Karski a en particulier visité le ghetto de Varsovie avant d'aller porter au monde le message que lui ont confié deux leaders juifs de la résistance de Varsovie : qu'on arrête l'extermination de leur peuple. Seule la troisième partie se donne pour une fiction à la première personne et raconte entre autres la rencontre entre Karski et un Roosevelt baillant, fa