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Libération
Critique

La réunification des grands-mères

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Deux destins de femmes liées par une amitié sans frontières, racontés par leur petite-fille, la journaliste Pascale Hugues.
publié le 24 octobre 2009 à 0h00

Pascale Hugues fut, à la fin des années 80, correspondante de Libération en Allemagne (1). Elle était à Berlin lors de la chute du Mur en 1989. Pascale Hugues aime l'Allemagne où elle vit mais l'Alsace occupe une grande part de son esprit. Normal, c'est à Colmar que sont, comme l'on dit, ses racines. Là qu'elle est née, là qu'ont vécu Marthe et Mathilde, ses deux grands-mères, les «héroïnes» de son dernier roman.

Deux héroïnes (sans exploit particulier) d'une biographie familiale, «invitées» à nous parler des Alsaciens. Nul n'ignore les siècles de va-et-vient entre la France et l'Allemagne, mais Pascale Hugues ne se prétend pas historienne. Et si elle rappelle qu'en 1871, Bismarck fit de l'Alsace une «Terre d'empire», la France la cédant, avec la Lorraine, à l'Allemagne, c'est pour aller tout de suite à son projet : raconter la vie de deux femmes singulières, nées en 1902, mortes l'une après l'autre en 2001. «Amies depuis l'âge de 6 ans, Marthe et Mathilde traversèrent le XXsiècle côte à côté d'un bout à l'autre», écrit-elle.

Marthe et Mathilde ont passé leur vie à Colmar, mais Marthe était française, Mathilde allemande. Elles ont connu Colmar et Kolmar. Leur amitié indéfectible résista à deux guerres (14-18 puis 39-45), renvoyant l’une et l’autre tantôt dans le camp des vainqueurs, tantôt dans celui des vaincus.

Avec un style charmant de simplicité et d'élégance, Pascale Hugues décrit ces deux femmes, leurs humeurs, leurs habitudes, leur quotidi