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Critique

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L’anthologie «Retour sur l’horizon» rend hommage, en quinze nouvelles, aux auteurs français du genre
publié le 29 octobre 2009 à 0h00

On ne lit pas toujours les préfaces. Ce préliminaire occasionnel fait craindre le coup de pouce d’un auteur plus fameux, l’analyse de texte savante encombrée de notes ou le dévoilement inopiné de ce qui suit. Il serait dommage d’escamoter celle-ci. Il serait même judicieux de la lire en primeur, plutôt qu’à la fin. L’auteur, l’anthologiste en personne, a mis tout son amour de la science-fiction («cet art de l’éblouissement et du vertige logique») pour le communiquer aux lecteurs non initiés. Sa révolte contre un déni ambiant de ce genre littéraire, il l’exposa dans la préface mémorable et érudite d’une autre anthologie, Escales sur l’horizon (Fleuve noir, 1998). Entre-temps, Serge Lehman a certes continué de ruminer, mais les dix ans écoulés depuis ont apaisé la vindicte. Comme il le souligne, le genre a gagné des galons universitaires et critiques, a élargi son champ, même s’il y a encore des Angelo Rinaldi pour lui discuter sa verve imaginaire. Surtout, elle «déborde la question des genres pour devenir une forme de la sensibilité générale», écrit-il, citant Thomas Pynchon, Haruki Murakami, Michel Houellebecq ou Philip Roth.

D'ailleurs, est-elle un genre ? Plutôt «une sensibilité hybride où le plaisir de la littérature se combine à d'autres sources». Alors pourquoi ce vieil ostracisme ? Lehman avance une explication à ce déni par les ambitions métaphysiques de la science-fiction, «apparues comme une régression». En attendant de pl