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Libération

Hermans sur sols mouvants

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publié le 29 octobre 2009 à 0h00

«J’ignore l’image que je donne de moi au monde, mais à mes propres yeux j’ai l’impression d’avoir toujours été un garçon jouant au bord de la mer, se divertissant du galet tout lisse ou du coquillage plus joli que d’ordinaire qu’il trouve de loin en loin, alors que le grand océan de la vérité s’étend devant lui, inexploré.»

Cette phrase que Willem Frederik Hermans, né à Amsterdam en 1921 et mort à Utrecht en 1995, a mise en épigraphe de son roman de 1966 Ne plus jamais dormir a d'autant plus de poids qu'elle est signée Sir Isaac Newton. La connaissance est au cœur du texte, abstraitement et concrètement. Au premier abord, le roman raconte l'histoire d'un jeune étudiant en géologie hollandais qui veut faire sa thèse sur le sol du Grand Nord norvégien. Le narrateur a une bonne raison familiale de vouloir conforter une hypothèse. Il est très vite confronté au monde universitaire dans des pages très drôles. Ses compagnons d'expédition sont norvégiens et il ne parle pas leur langue. Le Grand Nord en été, ce sont des moustiques par flopées. On peut être géologue et maladroit. Mais le vrai thème du livre est ailleurs. «Chercher une chose que personne n'a encore trouvée, mais échouer comme les autres - peut-on appeler cela faire œuvre scientifique ou ne s'agit-il pas plutôt d'un simple manque de chance ?» Plus loin : «Mais crois-moi, partir en expédition avec une tente neuve et rentrer sans avoir fait une découverte fantastique, je ne crois pas que je l