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Critique

Lautréamont hors chants

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Réédition dans la Pléiade, avec des lectures d’écrivains en miroir
publié le 29 octobre 2009 à 0h00

L’apparition dans la Pléiade des œuvres d’Isidore Ducasse, dit Lautréamont, date de 1970. Pierre-Olivier Walzer, universitaire suisse mort voilà neuf ans, l’avait établie. On y relève une erreur célèbre : trois des sept lettres connues de Ducasse, mort inconnu d’une fièvre inconnue pendant le siège de Paris de 1870 par les Allemands, à 24 ans, sont adressées à l’éditeur belge Verboeckhoven. On sait aujourd’hui (et on se doutait déjà) que leur destinataire est en réalité Auguste Poulet-Malassis - l’éditeur de Baudelaire, alors réfugié en Belgique. Ensuite, la fameuse lettre de Ducasse à Victor Hugo du 10 novembre 1868 ne s’y trouvait pas, puisqu’elle ne fut découverte qu’ensuite dans la bibliothèque du second à Guernesey - glissée dans les pages du premier Chant de Maldoror. C’est la lettre d’un homme de 22 ans qui s’achève par ces mots : «et je frémis de vous avoir écrit, moi qui ne suis encore rien dans ce siècle, tandis que vous, vous y êtes le Tout». La littérature, avec Ducasse, est une course à mort et en relais : Chateaubriand et rien. Hugo lui répondit. On ne connaît pas sa lettre et personne n’a osé l’inventer. Ducasse inspire à ses chantres tout le respect qu’il a mot à mot irradié.

Plus grave encore, Lautréamont partageait son studio-bible de 1970 avec le délicat et facétieux Germain Nouveau, l’auteur des Valentines. «Bizarre idée, écrit alors Pascal Pia, que de rassembler dans un même vo