Voici huit ans, sur les ondes de France Inter, lorsqu'on demandait à Marie NDiaye si elle était heureuse d'avoir le prix Femina, elle répondait de sa voix fluette et légèrement coupante qu'elle situait le bonheur ailleurs, qu'il relevait d'une catégorie plus noble, et qu'elle était contente, oui, d'avoir un prix littéraire. «Je suis très contente pour le livre et pour l'éditeur», a-t-elle dit, selon l'AFP, lorsqu'elle est arrivée lundi chez Drouant, le restaurant parisien de la rive droite où les jurés Goncourt festoient. «Je suis très contente d'être une femme qui reçoit le prix Goncourt, a-t-elle ajouté. Une sorte de miracle s'était déjà produit avec le succès du livre ; ce prix est inattendu. C'est aussi le couronnement et la récompense de vingt-cinq ans d'écriture et de cette opiniâtreté.»
Vingt-cinq ans d'écriture, le temps de façonner une vie, le temps pour une vie de construire une œuvre et pour un individu d'être travaillé, grandi par elle. 21 titres, parmi quoi 10 romans importants, des nouvelles, du théâtre, une pièce au répertoire de la Comédie française (Papa doit manger), des textes pour les enfants. Et pourtant, Marie NDiaye, née en 1967 à Pithiviers d'une mère beauceronne et d'un père sénégalais, n'a que 42 ans.
«Digéré». Il était une fois un grand éditeur, Jérôme Lindon. Rue Bernard-Palissy, adresse des éditions de Minuit, Marie NDiaye, 16 ans, apporte le manuscrit de Quant au riche avenir. Ce n'est