Aux Assises internationales du roman qui ont eu lieu en mai à Lyon à la Villa Gillet (en partenariat avec le Monde), Marie NDiaye est intervenue sur le thème de la violence. Ce texte figure dans le recueil Assises du roman, à paraître jeudi aux éditions Christian Bourgois (collection «Titres»).
«Je suis toujours un peu surprise quand on me dit que j’écris des livres violents, j’ai parfois l’impression qu’il y a confusion et qu’on parle d’un autre auteur […].
«On souhaiterait souvent pouvoir jeter dans un roman toute la violence de la société contemporaine, toute celle aussi de l’histoire récente ou ancienne, raconter les esclaves dans les champs de coton américains ou de canne à sucre des Antilles aussi bien que les prostituées nigérianes arpentant les trottoirs parisiens.
«Je me pose cette question depuis longtemps : comment parler, littérairement puisque je ne suis pas journaliste, des souffrances sociales les plus terribles ?
«Je connais mes limites comme écrivain. Je sais que je n’ai pas le souffle historique, que je n’ai pas le goût des recherches, des plongées dans les archives. […]
«J'ai donc pris le parti d'essayer de donner «l'idée» de l'esclavage dans une pièce de théâtre (Hilda) où une patronne d'aujourd'hui, toute-puissante, procède à la dévoration méthodique de sa bonne. […]
«Je me demande souvent aussi comment aborder esthétiquement un sujet anti-littéraire, comment transformer en œuvre d’art une réalité sans beauté, sans fantaisie, sans gr