L'engouement suscité par Trois femmes puissantes de Marie NDiaye ne cesse de croître. En lui attribuant leur prix, les jurés Goncourt rejoignent l'enthousiasme général, critique unanime, libraires et large public conquis dès la sortie du livre à la fin du mois d'août. Quoi de plus normal ? Un excellent livre, un grand écrivain : la plus haute récompense hexagonale ne lui revenait-elle pas de droit ? Ce n'est pas si simple, on le sait bien. On a vu, par le passé, les manœuvres éditoriales aboutir à de piètres compromis, et les lauriers atterrir sur des navets.
Trois femmes puissantes, à la veille du prix, bénéficiait d'un tirage de 155 000 exemplaires, sans qu'on puisse dire que Gallimard avait anticipé, ou orchestré, ce succès. Il est d'ores et déjà acquis que, en termes de ventes comme de notoriété, ce Goncourt restera dans les annales.
Dignité. Comment peut-on expliquer la bonne fortune de Trois femmes puissantes ? Certainement pas par un abord guilleret, ou une séduction facile. Rappelons qu'il ne s'agit pas d'un roman stricto sensu, mais de trois histoires reliées par leur thème - la dignité est un combat -avec un seul personnage comme point de contact. Le livre fait des allers et retours entre l'Afrique et la France, c'est la première fois que Marie NDiaye, née d'un couple franco-sénégalais, met en scène sa propre géographie familiale. La première héroïne, Norah, vient au Sénégal où son abominable père l'appelle. C'est