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Libération
Critique

Crumb, le triomphe du temps

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«La Genèse», pour l’écrivain Michael Moorcock, est un antidote au culte nostalgique des sixties
par Michael Moorcock
publié le 5 novembre 2009 à 0h00

«C’est hors des sentiers battus que se trouvait la force de la réalité.»

Bob Dylan

Bénéficiant moi-même de l’actuelle curiosité pour les racines de la culture contemporaine, à travers des rééditions raffinées de mes livres en Amérique ou ailleurs, il m’arrive de me demander si l’attirance pour ces œuvres à l’énergie iconoclaste est plutôt dictée par le désir de raviver de vieux idéaux ou par celui de mieux saisir les origines de la pop culture d’aujourd’hui. Le public qui s’y intéresse est souvent le même qui dédaigne ou ignore purement nos œuvres récentes.

«Pet Sounds». Les quinze années rebelles et novatrices que nous appelons les sixties ont débuté en 1963 avec la sortie du premier single des Beatles et l'assassinat de JFK pour s'achever sur l'ultime tournée Stiff Records de 1978. Ceux d'entre nous qui ont tenté dès l'origine d'affronter certaines réalités, soit continuent d'y faire face, soit se sont installés dans le confort de la redite. Que la redite soit profitable explique la prospérité de tant de tribute bands. On rejoue des albums live avec exactement les mêmes plages de silence que sur les disques originaux. Brian Wilson refait sur scène note pour note l'intégralité de Pet Sounds. Les albums des Beatles sont remastérisés pour sonner exactement comme vous les auriez entendus si vous aviez eu le privilège de partager une paire d'écouteurs avec George Martin à Abbey Road. Tout cela sent plus la nostalgie que la revis