Peut-être faut-il avoir pagayé dans les romans de Fenimore Cooper pour éprouver un goût particulier envers ce déjà vieux livre (1991) de l'historien américain Richard White : il fixe scientifiquement le contexte des aventures de Bas-de-cuir. Travaillant à partir des récits indiens et des récits des Blancs qui traitaient avec les Indiens, il décrit et cherche à comprendre comment, pendant un siècle et demi, un agglomérat de villages, de communautés indiennes fuyant les épouvantables guerres iroquoises pour se réfugier dans le «Pays d'en haut», le long des Grands Lacs, établirent avec les pionniers, jésuites, commerçants, trappeurs, un espace politique sans autorité dominante, le Middle Ground. Les identités y étaient en mouvement perpétuel, se contaminant et se modifiant sous l'emprise de la nécessité - et dans les deux sens : si les Indiens, si différents entre eux, se blanchissaient, les Blancs, eux, s'indianisaient. «Si ce compromis a eu lieu, c'est que durant une longue période et dans une grande partie du monde colonial, les Blancs ont tout bonnement été incapables de contraindre ou d'ignorer les Indiens, dont ils avaient besoin en tant qu'alliés, partenaires commerciaux, partenaires sexuels et voisins pacifiques […]. La véritable crise, comme la dissolution finale de ce monde, ne sont advenues que lorsque les Indiens n'ont plus été capables de contrer les Blancs dans le Middle Ground.»
Ce ne sont ni les Français, ni les Anglais, qui ont fini par dicter «unil