Dans la délégation des douze écrivains américains qui arrivent en France le 9 novembre pour les Belles Etrangères, la plus jeune, et pas la moins douée, est Hannah Tinti. Elle est née en 1973, a grandi dans le Massachusetts, à Salem, la ville de Nathaniel Hawthorne, des sorcières et des procès, où sa mère était bibliothécaire. Elle a reçu une éducation catholique. Jouer parmi les tombes n’a pas été exceptionnel dans sa vie quotidienne car l’école où elle allait jouxtait un cimetière. Les compagnons de son enfance ont été Stevenson, James Fenimore Cooper, Charles Dickens, cela tombe sous le sens quand on l’a lue.
Ajoutons que Tinti a étudié la biologie et la zoologie à l'université. Elle n'en a pas fait son métier, mais elle en a nourri ses textes, observant les humains avec un œil, disons, de girafe, tout en chuchotant à l'oreille des dindes. Les prédateurs se rencontrent dans chaque espèce, il y a des enfants qui torturent des lapins et des chats, et des ours qui éventrent les bébés : l'auteur affectionne une forme d'effroi proche du fou rire. Son premier recueil de nouvelles, Bêtes à croquer, a été traduit chez Gallimard en 2005. Cet automne, jusqu'au 21 novembre, Hannah Tinti va se promener en France avec son roman tout juste paru, le Bon Larron, sis au XIXe siècle. On y retrouve sa fascination pour la peau et ce qui se passe dessous. Mais c'est encore plus fort que ses «Bêtes» craquantes, on retient son souffle, et on refuse catégoriquement de