Comment les acteurs prennent-ils leurs décisions ? Ian Kershaw s'efforce de répondre à cette question d'autant plus délicate que certains « choix fatidiques » semblent avoir, entre 1940 et 1941, répondu à des logiques aberrantes. Que le IIIe Reich ait déclaré la guerre aux Etats-Unis en décembre 1941 ou que Staline ait cru, au mépris des évidences, que les Allemands ne lanceraient pas leurs chars à l'assaut de la steppe russe en juin de la même année, offrent de saisissants exemples de ces comportements absurdes. Ils répondent, pourtant, à une réelle rationalité. Hitler devait ainsi attaquer l'Union soviétique au plus vite, afin de priver la Grande-Bretagne de l'unique allié continental qui lui restait et battre l'URSS avant que le potentiel économique de l'Amérique ne donne sa pleine mesure. Tokyo, de même, s'estima contraint de déclencher l'attaque contre Pearl Harbor, dans la mesure où l'embargo décrété par Washington le privait des indispensables ressources en matières premières, pétrolières au premier chef, dont il avait le plus urgent besoin. Staline, enfin, ne crut pas les messages d'alerte qui déferlaient sur le Kremlin, parce qu'il mesurait l'état lamentable de l'Armée rouge et voulait à tout prix reculer une guerre qu'il entendait au plus tôt mener en 1942.
Pacifique. Deux éléments majeurs informent donc les décisions que l'historien peut rétrospectivement juger irrationnelles. L'idéologie, de toute évidence, joue un rôle majeur puisqu'e