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Libération

Vidanges tardives

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publié le 12 novembre 2009 à 0h00

Jeudi 12 novembre : vous fêterez les Christian, planterez vos arbustes à petits fruits, et penserez avec nostalgie aux temps où les écrivains nourrissaient de belles correspondances. Cette époque est révolue. Désormais, les romanciers rédigent des mails maigres et secs. Pour le reste, un carnet de douze timbres-poste leur permet de tenir tout un trimestre. Ils tapotent par ailleurs des SMS sans âme et sans avenir, et vidangent entièrement leurs boîtes mail quand ils «migrent» de Mac OS X v 10.5 vers Windows Vista SP2, ou l'inverse. Si bien que rien ne subsistera de leurs petites écritures quotidiennes. Nul ne saura que le 17 mai 2009, Marie NDiaye expédiait à son éditeur un mail ainsi rédigé : «Jean-Marie, j'ai un problème avec la suggestion d'Antoine. Tu ne penses pas que Dix-sept femmes puissantes, c'est un peu survendre le bouquin ?»

Le XIXe siècle restera comme l'âge d'or de la correspondance amoureuse. Reparaissent cet automne les lettres de Marie Dorval à Alfred de Vigny (Lettres pour lire au lit, Mercure de France), qui sont parvenues au journal avec ce mot manuscrit : «Si Marie Dorval éclipsa Juliette Drouet sur la scène, ne sont-elles pas sœurs dans la passion ?». Certes, Juliette, maîtresse de «Toto» Hugo, ne brilla pas longtemps comme actrice. Certes encore, ces femmes furent toutes deux des amoureuses romantiques de romantiques amoureux, et des rédactrices inlassables de mots doux et ronds (elles eussent été