Menu
Libération

Deleuze très abordé

Article réservé aux abonnés
par Charles Pépin, Philosophe et romancier, professeur au Lycée de la Légion d’honneur et à l’Institut d’études politiq
publié le 19 novembre 2009 à 0h00

Retour sur Ebookz, l'étude qui analyse le piratage de livres en France : l'œuvre du philosophe Gilles Deleuze arrive en tête. Le penseur du rhizome volant la vedette sur le Net à Bernard Werber et à Amélie Nothomb, la tentation était grande d'en faire une lecture philosophique. De chercher le lien substantiel entre la nature de sa pensée, de la déterritorialisation par exemple, et sa première place au hit-parade des auteurs spoliés de leurs droits. Tentation renforcée par la présence de Sartre, lui aussi en bonne position en nombre de livres piratés : Sartre n'a-t-il pas en effet critiqué le statut de l'auteur, déclaré que ses livres, remis à l'éditeur, ne lui appartenaient plus, qu'il n'en était pas le «propriétaire» puisqu'il n'était même pas, rappelons-le, le propriétaire de son identité ?

Mais, heureusement, le philosophe invité à écrire dans Libé est parfois tenté de devenir un peu journaliste. J'ai donc gardé mes analyses pour plus tard, décidé de passer quelques coups de fil et c'est ainsi - la «lecture philosophique» se muant peu à peu en enquête - que je me suis retrouvé en ligne avec Richard Pinhas, musicien, ancien élève et surtout ami de Deleuze. Un bon signe que ce piratage selon lui : la preuve d'un éventuel rattrapage français, que Deleuze va peut-être - enfin - intéresser autant ses compatriotes que les Américains, les Japonais, les Anglais, les Chinois - il est, avec Foucault, le philosophe français le plus vendu et le plus traduit dans le m