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Libération
Critique

Hauts faits des oiseaux

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Fabienne Raphoz ouvre la cage des contes et des mythes
par Elisabeth de Fontenay, Maître de conférences honoraire à Paris-I. "Sans offenser le genre humain. Essai sur la cause animal
publié le 19 novembre 2009 à 0h00

«Une chouette vole, tête de folle ; elle vole, vole, se pose, remue la queue, écarquille les yeux et repart ; et à nouveau, elle vole, vole, se pose, remue la queue, écarquille les yeux… Ceci n'est pas encore le conte mais seulement le début.» Suit l'histoire, russe, des demandes en mariage réitérées que s'adressent, en vain, le héron et la cigogne. Un tel exorde, on l'aura compris, n'appartient, pas plus que l'histoire qu'elle annonce, au domaine de la rationalité. Et cette manière irrévérencieuse de railler l'emblème de la sagesse, l'oiseau de Minerve, en dit long sur un monde dont les savoirs merveilleux se construisent à partir d'enchaînements dénués de vraisemblance.

Platon, dans le Politique, fait dire à un personnage que, si d'aventure une grue se trouvait douée de langage, elle tracerait une ligne de démarcation entre les grues et tous les autres animaux. N'est-ce pas ainsi que font les hommes d'Occident quand ils se placent en face et au-dessus des bêtes ? Oui, mais il leur est pourtant arrivé, à ces désenchanteurs, d'inventer des contes dans lesquels, comme ici, les oiseaux sont leurs partenaires.

Ailes.«Comment, pauvre bête, vous parlez aussi dans la langue des hommes ?» Un gros livre bleu roi, l'Aile bleue des contes, illustré d'admirables encres de Ianna Andréadis, rassemble, comme exhaustivement, les oiseaux et les peuples du monde. Les grandes personnes qui lisent ces histoires aux enfants en viennent vite à s