Les journalistes, quand ils racontent la guerre dans un livre, font rarement de la bonne littérature. Trop de faits, de témoignages, trop d'émotion aussi et pas assez de recul. Heureusement, il y a quelques belles exceptions. Du côté anglo-saxon, bien sûr : on l'a vu dernièrement avec le puissant livre de Dexter Filkins sur la Guerre sans fin en Irak et Afghanistan (Albin Michel). Du côté français, aussi, où Adrien Jaulmes, grand reporter au Figaro, vient de se risquer dans la bataille en racontant la guerre dans l'ancienne Mésopotamie du côté des soldats américains.
Disons-le d'emblée, c'est le plus absurde des conflits qu'Adrien Jaulmes décrit. Il le résume ainsi : «Il n'y a ni front ni arrière, ni même la plupart du temps de combats. La guerre est faite d'embuscades radiocommandées, d'attentats aveugles, d'enlèvements et de tortures ; elle est à la fois dangereuse, ennuyeuse, invisible.» Il commente : «L'ennemi est partout et nulle part. Personne ne sait exactement qui combat qui. Qui fait quoi. Qui est l'ennemi. les patrouilles américaines, les policiers, l'armée irakienne, les insurgés sunnites, les milices chiites, les nihilistes d'al-Qaeda, tous représentent un danger.»
Cette guerre, Jaulmes la raconte à l'encre du quotidien, au ras de la vie, au hasard des patrouilles, entre bretelles d'autoroutes, terrains vagues et champs inondés. On piétine dans la boue, on s'enfonce dans la laideur. Parfois, une explosion. Des soldats so