Dans la mémoire nationale, ce jour-là est resté dans l'ombre de son surlendemain. Qui se souvient en effet de ce 16 juin 1940, alors qu'à l'évocation du 18 chacun répond par l'Appel ? Il appartenait à Eric Roussel, biographe du général de Gaulle (1), d'éclairer ce dimanche qui vit le maréchal Pétain nommé, le plus légalement du monde, président du Conseil de la IIIe République. Il en fut le dernier, et le fossoyeur. Anticipant sur le 70e anniversaire de ce «naufrage», la collection des «Journées qui ont fait la France» consacre un volume à l'effondrement de juin 1940 - qui succède à la Fin de la IIIe République paru en 1968 dans la même collection sous la signature d'Emmanuel Berl (2).
Le 16 juin, la défaite est d’abord militaire. Depuis le 10 mai, jour de l’offensive allemande, les armées françaises ne sont pas parvenues à stopper l’ennemi. La France est envahie et les Français sont sur les routes de l’exode. Présidé par Paul Reynaud, le gouvernement s’est replié à Bordeaux. Que faire ?
«Contact». Depuis le 25 mars, un accord avec l'Angleterre, qui combat à nos côtés, exclut toute paix séparée. Le premier à ouvrir une brèche est le radical Camille Chautemps, qui propose, le samedi, de demander à l'Allemagne les conditions auxquelles un armistice pourrait être conclu. Les défaitistes vont s'engouffrer derrière Philippe Pétain, qui a été nommé vice-président du Conseil le 17 mai. Le dimanche, le Conseil des min