Richard Evans clôt la monumentale fresque qu'il a dédiée au IIIe Reich en abordant le cœur du problème - la Seconde Guerre mondiale. Mais qu'apporte-t-il de neuf sur un thème auquel des centaines de livres sont chaque année consacrés ? Rappelons un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître. Dans les années 60, voire 70, historiens et enseignants expliquaient que le nazisme n'avait pu se maintenir qu'en imposant une terreur dont la Gestapo et les camps de concentration étaient les sinistres symboles. Ils expliquaient que la destruction des Juifs d'Europe s'était accomplie dans le silence, les populations en général et les Allemands en particulier ignorant le sort qui guettait les communautés juives à Auschwitz comme à Treblinka.
Voile. S'appuyant sur une documentation impeccable, l'historien britannique détruit, après d'autres, ces fables. Il montre que les crimes perpétrés étaient connus et qu'une large partie de la population - soldats ou fonctionnaires - y avait participé, le nazisme criminalisant des pans entiers de la société allemande. Gouvernés par une logique des intérêts qu'illustrent les pillages commis par l'occupant, nombre d'Allemands partagèrent l'idéologie hitlérienne avec d'autant plus de fougue que le Führer, de 1939 à 1941, vola de victoire en victoire. L'utilisation de journaux intimes et de correspondances échangées, par exemple, entre les soldats et leurs familles confirme la forte emprise dont Hitler bénéficia dura