Décembre est le rude mois où, selon nos informations, les ventes de livres se divisent à parts égales entre manuels pour suicidaires et recueils d'histoires drôles. Dans un genre intermédiaire vient d'arriver en librairie un ouvrage singulier, Al-Qaida : Manuel pratique du terroriste. C'est la traduction française d'un vade-mecum retrouvé en mai 2000 à Manchester dans l'appartement d'un membre présumé de l'organisation. L'éditeur, André Versaille, a cru nécessaire de faire précéder cette prose d'une longue justification, sur le mode «On combat mieux ce que l'on connaît bien», etc. Il eût pourtant suffi de dire que ce manuel était parfaitement anodin, et par endroits fort drôle.
Anodin : quelques passages jugés «dangereux» ont été coupés et remplacés par des pointillés. En consultant la version intégrale disponible en anglais sur Internet, on constatera que les paragraphes écartés ne cassaient pourtant pas cinq pattes à un mouton de l'Aïd. Drôle aussi : dans la «Treizième leçon», consacrée à l'écriture secrète, aux cryptogrammes et aux codes, est égrenée une liste de préceptes parmi lesquels ce sage rappel : «Une lettre ordinaire s'écrit au stylo à bille et pas à l'encre sympathique.» On n'aurait pas été étonné de lire quelques pages plus loin : «Un barbecue s'allume avec des allumettes et pas un pain de Semtex.»
Un ouvrage de Gérard Rabinovitch, Comment ça va mal ? L'humour juif, un art de l'esprit (Editions Bréal), nous fo