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Libération
Critique

Une fuite dans le sablier

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Nouvelles de l’horloger du fantastique
publié le 3 décembre 2009 à 0h00

Aucun prénom ou alors peut-être un Michel, mais il concerne un simple figurant au fin fond d'une histoire. Les nouvelles que nous donne Eric Faye sont celles des hommes en général, dixit le titre du recueil. Encore que Dieu se soit glissé dans le lot. Un Dieu qui rêve que l'homme est devenu bon, mais à qui ce damné inspecteur mandaté par le Siège refuse le renvoi du messie sur terre. Les personnages d'Eric Faye n'ont pas de nom, pas de passé ou presque, pas de densité particulière, mais sont comme ce Dieu. Emplis de rêves d'évasion et de dissipation. La disparition est un thème récurrent chez lui. Si Faye refuse l'idée de l'écrivain comme démiurge, il traîne dans son sillage littéraire une certaine Solange Brillat, femme disparue et présente en creux dans trois de ses livres (les Lumières fossiles, Corti, 2000 ; les Cendres de mon avenir, Stock, 2001 ; la Durée d'une vie sans toi, Stock, 2003), et B. Traven, célèbre brouilleur de pistes aux identités multiples, qu'il a repris dans l'Homme sans empreintes (Stock, 2008). La liberté suprême tient dans l'absence de traces perceptibles dans la réalité.

Désir. Le premier narrateur de Quelques Nouvelles achète chaque semaine un billet et attend avec impatience le tirage du vendredi pour savoir s'il a gagné un aller pour le pays doré. «C'est cette perspective qui me permet de tenir, se disait-il alors. Ce qui me permet de me lever encore le matin et d'affronter la plui